Les cathares, le sexe et l'amour.

Publié le 14 Septembre 2013

Ce qui suit n'est qu'une analyse personnelle et n'est pas un travail de recherches historiques, bien que fondé sur mes différentes lectures sur le sujet.

La déconstruction du catharisme par leurs contradicteurs est passée, et passe encore, par les questions concernant la sexualité. Or, seuls les dits parfaits, donc les consolés voués à l'entendement du Bien, la refusaient et, pour la plus part, ils avaient eu une vie sexuelle avant d'y renoncer, contrairement aux prêtres catholiques qui ne savent pas ce qu'est le pêché de chair. Les cathares refusaient le sacrement du mariage : ils pensaient que "dieu", ou le principe du Bien, n'avait aucune part dans cette institution Romaine résultant le plus souvent de stratégies politiques ou commerciales, et qui condamnait la femme à un rôle d'asservie sexuelle et domestique. Leur souci d'intégrité intellectuelle et spirituelle était poussé à son paroxysme, et devait dépasser l'entendement du commun des mortels. Il est fort à parier que c'est pour cette raison qu'ils rejetaient aussi le baptême des petits enfants : ce serait seulement aux environs du XII ème siècle, sous l’influence de la renaissance de la pensée Augustinienne afin de les contrer (rappelons ici au passage qu’Augustin d’Hippone, en son temps, combattait avec ferveur les hérésies, dont le Manichéisme qu’il avait pourtant embrassé durant sa jeunesse), notamment au travers des conceptions relatives au péché originel, que ce baptême aurait perdu sa dimension Pascale et serait devenu indispensable au « Salut », dès la naissance, permettant ainsi de donner une réponse au angoisses relatives au taux de mortalité infantile croissant.

Anne Brenon, dans son ouvrage "Les femmes cathares" et Gwendoline Hancke dans le sien "Femmes en Languedoc" nous apprendront qu'un vent de libération féminine souffle sur le Languedoc médiéval, probablement initié par les Trobadors et la Fin'Amor. Le désir est sublimé laissant chant libre aux sentiments plus profonds, plus nobles. N'est-ce pas là un signe d'évolution des rapports amoureux, la maîtrise de la libido induisant le raffinement des sens et le respect de la Dame -ou le respect mutuel-? Quoi qu'il en soit, en Occitanie, contrairement au Nord, les femmes pouvaient hériter du pouvoir et des biens, qu'elles administraient elles-mêmes. La femme consolée cathare, quant à elle, pouvait accomplir les rites et prêchait, au sein même des maisons où elle accueillait les femmes victimes de violences, les novices, les malades ou les mourant(e)s.

Dire que les bonnes-femmes et bons hommes condamnaient l'amour physique me semble être abusif même si, j'en conviens, ils nourrissaient autour d'eux l'amour de "dieu", l'amour du Bien. Je pense au contraire qu'ils distinguaient les pulsions animales (bas instincts) et les désirs plus sains, notamment à travers la sublimation de la libido. Les Languedociens étaient donc bien en avance sur leur temps, prônant l'Amour et le Paratge, spirituellement et humainement.

Sororellement,

Rédigé par Cicne&Ròsa

Publié dans #Catharisme, #Sexualité, #Trobairitz&Trobadors, #Féminisme

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